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Retraites :  premier atelier participatif

C’est à Montreuil qu’a eu lieu le premier atelier participatif sur les retraites, organisé par le gouvernement. Le 6 septembre l’avocat de ce nouveau chantier de casse sociale, Jean Paul Delevoye haut-commissaire à la réforme des retraites depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, est venu plaider par la retraite par points.

De la solidarité à la contributivité pure

Notre système de retraite du régime général est appelé par « répartition » pour indiquer que les pensions sont payées grâce aux cotisations vieillesse prélevées sur la masse salariale, et immédiatement reversées aux retraités. Ce système est à « prestations définies », c’est-à-dire dont les paramètres de calcul sont connus à l’avance des cotisants. Dans la mesure où les pensions dépendent en grande partie des cotisations, qui elles-mêmes sont pour une part fonction des salaires, le système de retraite est de nature partiellement contributive. L’existence de pensions de réversion, du minimum retraite, de la prise en compte des périodes de maladie ou de chômage, de droits familiaux atténue le caractère contributif du système et accentue la solidarité entre les ayants droit.

Calculer les retraites non pas à partir des années de cotisations mais à partir du nombre de points est une tout autre histoire, et nous engage bien dans un autre système bien moins solidaire.

Les cotisations versées chaque année donnent droit à des points qui sont accumulés tout au long de la vie active, et dont il suffit de fixer ensuite la valeur. Est ainsi amplifiée la correspondance entre la contribution personnelle du salarié pendant sa vie active et ce qu’il percevra ensuite en tant que retraité. Dans ce type de régime par points, le taux de remplacement n’est plus connu à l’avance, on est dans un régime à « cotisations définies » et non plus à prestations définies comme dans le régime général, entraînant un manque de visibilité pour le salarié sur sa future pension.

De plus, dans un tel système, comme l’âge de départ à la retraite est un des déterminants du montant de la retraite, les travailleurs sont incités à rester au travail même s’ils ont toujours effectué des travaux pénibles qui ont réduit leur espérance de vie. Chacun est censé pouvoir obtenir une retraite satisfaisante en choisissant personnellement le moment de son départ à la retraite, alors que les travailleurs manuels et les cadres ne sont pas dans la même situation quant à leur capacité de prolonger leur carrière.

Derrière ce débat technique, sur le système par points, le gouvernement souhaite éviter un débat social et politique sur la hausse des cotisations qui donnerait des droits supplémentaires tout en masquant l’enjeu de la répartition de la richesse produite entre actifs et retraités, et, au-delà, celui de la répartition entre travail et capital

Garantir un système de retraites, à la fois globalement et pour chacun, suppose que le travail soit partagé et que l’emploi reste une priorité. Toutes les autres solutions, de baisse des pensions, d’allongement de la durée de cotisation, de cotisations définies, d’épargne capitalisée, aboutissent toutes à moins de solidarité, moins de justice et même moins d’efficacité. Mais point de fatalité. Face à un pouvoir à ce point affaibli l’heure est à la riposte. Le 6 septembre la cgt a d’ores et déjà pris date pour construire le « tous ensemble » qui nous fera gagner sur les retraites !